captiver l'attention

Arrêtez d’inventer des histoires, racontez VOTRE histoire !

Est-ce que cela vous est déjà arrivé de craindre que votre parcours et votre expérience soient insuffisants pour convaincre votre recruteur de vous proposer le job ? Lors de votre préparation à l’entretien, avez-vous déjà passé plusieurs jours à chercher dans votre mémoire des faits ou des chiffres qui, d’après vous, sauraient prouver à votre interlocuteur vos accomplissements?

 

Récemment, j’ai aidé une amie à se préparer à un entretien d’embauche pour un changement de domaine d’activité. Elle souhaite passer du secteur de l’énergie à celui du no profit, et plus précisément à celui du micro-crédit. Elle a passé tout son week-end à se préparer à la simulation d’entretien ; elle a rempli des feuilles et des feuilles avec toutes ses notes sur comment elle souhaitait répondre aux questions classiques.

 

Le soir de notre entretien, je la voyais chercher désespérément le détail des réponses dans son antisèche. Pendant qu’elle répondait, j’avais parfois beaucoup de mal à rester accroché à ce qu’elle disait. Son ton de voix était monotone, j’avais l’impression qu’elle non plus n’était pas très attachée à ses propres réponses.

Quand je lui ai demandé ses impressions, elle m’a avoué qu’elle était la première à se sentir perdue dans ses notes : elle avait l’impression d’oublier beaucoup des choses qu’elle avait à dire, malgré le fait qu’elle avait dédié son week-end à les préparer.

Ainsi, au fur et à mesure des questions, elle était de plus en plus stressée puisqu’elle avait peur de se contredire dans ses réponses.

 

On pourrait imaginer que plus de préparation, une meilleure révision de ses notes avant l’entretien, lui auraient permis d’être plus à l’aise et plus convaincante.

Eh bien non : dans son cas, le stress et l’incapacité à captiver mon attention n’étaient pas tant liés à une préparation insuffisante. L’origine de ces erreurs était plus en amont : la manière qu’elle avait choisie pour répondre.

Afin de mettre en valeur sa candidature, elle a cherché à identifier dans son parcours des faits ou des chiffres qu’elle pensait en mesure de marquer un recruteur : des volumes d’argent gérés, des économies réalisées. Le problème était que, déjà à ses yeux, il s’agissait de chiffres sans âme ; ils ne représentent pas des réussites dont elle est fière.

 

Mon amie n’est pas la seule personne à tomber dans ce travers : soucieux de marquer l’esprit de notre interlocuteur, nous cherchons à inventer de belles histoires sur nos expériences. Nous avons une idée préconçue sur ce que le recruteur aura envie d’entendre, de quels sont parmi nos accomplissements ceux qu’il saura valoriser. Nous réalisons cet exercice de manière purement intellectuelle, uniquement avec nos réflexions. Et nous oublions les aspects émotionnels qui ont accompagné nos réalisations, et qui pourtant sont fondamentaux.

 

Pourquoi inventons-nous des histoires? J’y trouve deux raisons principales :

  1. la première est que nous pensons que seuls des « grands » accomplissements, des chiffres notables, des résultats mémorables pourront capturer et retenir l’attention du recruteur. Nous partons donc à la recherche dans notre passé de ces réussites extraordinaires.
  2. La deuxième est que nous manquons de confiance en nous mêmes, nous avons le sentiment que notre parcours, notre expérience, ne sont pas à la hauteur des attentes du recruteur ; nous pensons que nous n’avons jamais réalisée dans notre vie personnelle ou professionnelle quelque chose de remarquable. Nous nous sentons donc obligé à de broder autour des chiffres et des résultats pour espérer marquer notre interlocuteur.

 

 

Pourquoi, au contraire, faut-il raconter son histoire?

Déjà, qu’est-ce que j’entends par notre histoire? Ce à quoi je me réfère quand je pense à NOTRE histoire, ce sont les accomplissements, les résultats, ou tout simplement des anecdotes dont on est protagoniste et dont nous allons être très fiers !

Ils peuvent se référer à notre vie personnelle autant que professionnelle ; nous n’avons pas besoin d’aller les chercher loin dans notre mémoire : ils nous ont tellement marqués qu’ils reviennent immédiatement à la surface dès que nous prenons quelques minutes pour penser.

 

Si je prends mon cas personnel, pour illustrer ma ténacité à atteindre des objectifs, je suis tenté de chercher des exemples parmi des grands projets que j’ai réalisé dans ma carrière en entreprise, ceux marqués par d’enjeux et de budgets importants.

En réalité, la première chose qui me vient à l’esprit quand je pense à cet aspect de mon caractère est un match de basket que j’ai joué quand je n’avais même pas 10 ans. L’équipe adversaire était décidément meilleure, les joueurs beaucoup plus grands que nous (et surtout que moi, qui à cet âge avais un tout petit gabarit).

Après seulement quelques minutes de jeu, l’issue du match était déjà claire : notre défaite allait être mémorable. Si mes co-équipiers étaient découragés et avaient perdu toute combativité, moi j’avais décidé de ne rien lâcher : s’ils voulaient nous gagner, ils devaient le mériter ! Avec cet esprit combatif, je m’attachais à toutes les balles et 2 fois pendant le match je me suis retrouvé à disputer la balle à un joueur qui était deux fois plus grand que moi, et qui pour me l’enlever tirait d’un côté de toutes ses forces. J’étais tellement plus petit que je commençais à tourner autour de lui, et à fur et à mesure que je tournais j’avais de plus en plus de mal à garder mes pieds au sol. Les 2 fois, je me suis retrouvé complétement en l’air, attaché avec mes 2 mains au ballon, faisant plusieurs tours autour de ce joueur (à ce moment je ne pouvais plus lâcher le ballon, sinon je serai parti à l’autre côté du terrain de jeu en volant).

Cela ne nous a pas aidé à gagner le match, que nous avons perdu très largement. Mais j’étais très fier de n’avoir rien lâché (et comme vous avez pu lire, je le suis encore, fier!).

 

Pourquoi je vous donne cet exemple ? Non pas pour vous montrer toutes mes qualités en tant que joueur de basket (ma carrière s’est aussitôt terminée un ou deux ans plus tard). J’espère plutôt vous avoir fait « sentir » ma fierté dans cette anecdote sûrement assez marginale en soi, mais qui a beaucoup de valeur pour moi.

 

Cette fierté, cette émotion vont sûrement transparaitre de vos anecdotes quand vous les racontez, et elles vont intriguer et intéresser votre recruteur (si vous êtes intéressé à unir le fond à la forme, vous trouverez les bonnes techniques pour garder vive l’attention de votre recruteur dans cet article).

 

Je suis certain que vous aussi, si vous vous posez quelques instants, vous avez plein de souvenirs comparables dans votre passé. Ils peuvent venir de vos études, de votre vie privée ou encore de votre expérience professionnelle.

Des faits qui en eux-mêmes peuvent paraitre mineurs, mais qui ont beaucoup de significations pour vous.

Voilà quelques exemples auxquels vous pouvez donner de la place lors du prochain entretien, avec la certitude qu’ils vont captiver votre interlocuteur :

  • des activités ou sujets desquelles vous êtes passionnés
  • des résultats desquels vous êtes très fiers
  • des valeurs auxquelles vous tenez vraiment

 

Non seulement raconter VOTRE histoire va passionner votre interlocuteur, mais vous découvrirez que vous serez beaucoup moins stressés de devoir vous rappeler des détails qui ne vous intéressent pas, et aussi vous serez moins anxieux de vous contredire dans différentes réponses à l’entretien.

 

Libérée du stress, et beaucoup plus convaincante

Après avoir discuté avec mon amie dont je parlais au début de l’article de l’importance de présenter en entretien les choses que nous avons à cœur, je lui ai reposé la question : quel est ton plus grand succès?

 

Cette fois-ce elle a choisi de ne pas me raconter des réussites qu’elle trouve intéressantes d’un point de vue rationnel, mais celles qui ont vraiment de l’importance pour elle.

Elle a laissé tomber ses notes : elle a commencé à raconter un épisode qui lui tenait vraiment à cœur : un où des collègues d’une autre entité qui se montraient très sceptiques au début d’un projet, ont finalement tellement apprécié son travail qu’ils ont fini par lui demander son avis sur d’autres sujets en dehors de ce projet.

 

Son ton de voix était tout autre, même la facilité avec laquelle elle s’exprimait en anglais était bien plus fluide (nous simulions l’entretien en anglais parce que l’entreprise à laquelle elle a candidaté se trouve aux Pays Bas).

C’est d’ailleurs elle qui s’est exclamée, à la fin de l’exercice : « c’est génial ! Lors de ma réponse j’ai finalement arrêté d’inventer des histoires, et j’ai commencé à raconter mon histoire. Je n’étais plus préoccupée de me contredire, je n’avais même plus besoin de chercher mes mots en anglais ».

 

Tout l’enthousiasme que vous portez à la discussion grâce au fait de parler de choses qui vous tiennent à cœur, se transmet à votre interlocuteur.

Il verra d’ailleurs que vous n’êtes pas un simple exécutant de tâches, mais que vous êtes vraiment engagés dans ce que vous faites, et il sera rassuré sur votre motivation quand vous êtes sur un poste.

Oubliez donc votre approche complètement rationnelle sur les choses que vous « devez » mettre en avant pour intéresser le recruteur. Partez des choses qui vous tiennent vraiment à cœur et votre entretien sera bien plus passionnant!

 

Pour terminer, est-ce que cela vous est déjà arrivé de vous voir obligés d’ « inventer une histoire » lors d’un entretien d’embauche ? Comment vous vous êtes sentis?

Au contraire, avez-vous eu l’expérience de vous raconter sincèrement et de manière transparente à votre recruteur? Comment cela s’est-il passé dans ce cas?

Laissez vos commentaires ci-dessous : je les lirai tous !

 

Quoi ? Le recruteur ne vous écoute pas ? Captivez son attention !

Avoir l’impression que le recruteur n’est pas en train d’écouter ce que le candidat dit est une des situations les plus inconfortables et déstabilisantes que je peux imaginer en entretien.

Et pourtant, cela peut bien nous arriver. Est-ce que vous vous reconnaissez dans le commentaire ci-dessous?

 

Recruteur n'écoute pas

 

Face à cette situation, certains candidats s’en prennent au recruteur : il abuse, quand-même! Pour qui se prend-t-il ? Si ma réponse ne l’intéresse pas, il n’avait qu’à ne pas poser la question !

Une autre réaction commune consiste à se décourager en se disant que notre expérience professionnelle n’a effectivement rien d’intéressant et que c’est normal que notre interlocuteur s’ennuie.

A cause d’une approche passive ou fataliste à l’entretien, l’ennui peut d’abord venir du candidat et contaminer ensuite le recruteur. Tout cela parce que nous abordons l’entretien d’embauche de manière très scolaire, comme le témoigne le commentaire ci-dessous.

 

Réponse Ennuyante

 

Aborder l’entretien avec des réponses toutes faites, banales, dans lesquelles nous nous ne sentons pas identifiés, pousse notre interlocuteur à se désengager de la conversation.

 

C’est comme les interviews des footballeurs : les questions des journalistes sont souvent les mêmes, mais les athlètes ne font aucun effort d’originalité… Nous avons déjà écouté la même réponse des centaines de fois, et nous arrêtons tout simplement d’écouter.

 

Dans certains forums sur les entretiens d’embauche, on lit que pour être original dans ses réponses, il faut arriver avec un coup de génie, comme on peut voir dans les films. A propos, dans le film « A la recherche du bonheur » le protagoniste se présente tâché de peinture, pas douché et pas rasé à cause d’une série de péripéties, et arrive à convaincre le comité de recrutement grâce à une présence d’esprit enviable. Retrouvez cet entretien assez surréaliste dans la vidéo ci-dessous.

Pas besoin d’arriver avec des réponses aussi géniales ! Pour garder haute l’attention de votre recruteur il suffit de quelques astuces qui vous permettront de vous différencier de 99% des autres candidats. Il suffit d’oser et sortir des sentiers battus, de se rappeler qu’il n’y a pas des règles gravées dans le marbre pour réussir un entretien, il suffit d’être vous même (et d’être convaincu de votre valeur !).

 

 

 

3 techniques pour garder l’attention du recruteur pendant tout l’entretien

Tout d’abord, vous pouvez vous assurer d’avoir toujours l’attention de votre interlocuteur grâce à quelques techniques très simples :

  1. évitez des longues réponses ! Afin de vous assurer que le recruteur ait tous les éléments pour comprendre votre réponse, vous pouvez être tentés de ne laisser de côté aucun détail. Ou alors, si vous êtes pris par le stress, cela devient difficile de supporter quelques instants de silence ; vous vous sentez obligés de remplir ce silence avec des compléments de réponse. Rien de pire pour perdre l’attention de votre interlocuteur de vous lancer dans des récits interminables. Préférez la synthèse et limitez-vous à l’essentiel. Ne prenez pas plus de 2 minutes pour répondre à toute question.
  2. évitez des réponses théoriques et alambiquées ! Comparé au système anglo-saxon, beaucoup plus orienté aux aspects pratiques, le système scolaire latin privilégie la théorie et les concepts abstraits. Cela explique la tendance de beaucoup de monde (moi le premier) à favoriser des réponses conceptuelles, visant à expliquer des idées. Mais attention, un entretien d’embauche ce n’est pas un examen oral : cela ne sert pas tellement à vérifier vos connaissances (pour cela, votre CV et votre parcours professionnel et scolaire suffisent). Il sert d’abord pour que vous et le recruteur fassiez connaissance, et pour que commenciez à construire un lien de confiance qui peut se concrétiser par la proposition du poste. Pour donner du poids et de la profondeur à toute réponse, pensez à fournir des éléments factuels, concrets, qui prouvent ce que vous voulez dire. Par exemple, si vous parlez de vos traits de caractère, une chose est de dire que vous êtes quelqu’un d’extroverti et qui aime le travail en équipe. Toute une autre (au moins du point de vue du recruteur) est de raconter que vous avez fait partie du bureau d’élèves de votre école pendant trois ans, et que vous avez aimé organiser avec 10 autres de vos collègues de promo L’EVENEMENT de l’année, qui s’est relevé un vrai succès de participation et de satisfaction des élèves et des profs.
  3. répondez avec enthousiasme et conviction ! Afin de comprendre l’importance de votre état d’esprit en entretien, pensez à une situation où vous avez assisté à un évènement, une présentation, un concert qui vous a complètement captivé. Il est fort probable que l’émotion et l’énergie que vous avez prouvées étaient en effet le miroir de l’énergie et de l’émotion du présentateur et de l’ensemble du public. D’ailleurs, est-ce que vous vous rappelez précisément des mots qui ont été dit à cette occasion ? Je parie que non. C’est la même chose en entretien d’embauche : soyez enthousiaste et convaincant, et le recruteur se sentira enthousiaste et convaincu. Il n’aura ni le temps ni l’envie d’être distrait par d’autres pensées. Et comme vous à cet évènement ou concert mémorable, il ne va pas se rappeler en détail chaque réponse que vous avez donnée. Par contre, il se rappellera très bien de l’état d’esprit dans lequel il a été pendant l’entretien.

 

Accrochez-le par le contenu de vos réponses

En plus des 3 techniques ci-dessus qui vous permettront de garder vive l’attention de votre recruteur, vous pouvez agir aussi sur le contenu de votre réponse.

Afin de comprendre comment vous devez orienter le contenu de votre réponse, essayez de vous mettre à la place du recruteur, et imaginez quel type de réponse il peut s’attendre de vous. Il n’est pas là pour connaitre tout le feuilleton de notre vie professionnelle, académique ou personnelle. Il n’est pas là pour s’extasier face à la richesse de nos expériences, au caractère exceptionnel des nos prouesses à l’école ou au travail, au charme profond de notre personnalité et intelligence.

 

Toutes les questions qu’il pose lors de l’entretien d’embauche lui servent pour que lui, le recruteur, puisse répondre à ces trois questions sur votre compte:

  1. saurez-vous réaliser les tâches et atteindre les objectifs du poste ?
  2. aurez-vous envie de réaliser ces tâches et atteindre ces objectifs ?
  3. saurez-vous bien travailler avec lui/elle et bien vous intégrer au sein de votre future équipe, de votre future entreprise ?

 

Donc, si vous voulez que le fond de ce que vous avez à dire captive l’attention de la personne que vous avez en face, veillez que dans chacune de votre réponse on puisse retrouver un bout de réponse à une ou plusieurs des 3 questions : est ce que vous saurez faire le job? Est-ce que vous aurez envie de le faire job? Sauriez vous vous intégrer à votre nouvel environnement ?

 

Dernier conseil: faites-le parler !

L’entretien d’embauche consiste en un dialogue entre le recruteur et le candidat. Veillez à ne pas le transformer en un monologue de votre part, ou dans un interview ou il n’y a que le recruteur qui pose les questions et vous que donnez les réponses.

Une manière très puissante pour que le recruteur ne perde pas l’attention pendant l’entretien c’est de lui poser des questions et de le faire parler. Montrez que vous vous intéressez vraiment à lui, faite preuve de capacité d’écoute : vos chances de réussir l’entretien seront boostées!